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"le crayon et la plume"
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samedi 27 février 2016

*J'avais envers l'existence une si haute exigence.....





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"J'avais envers l'existence une si haute exigence que rien ne pouvait y répondre.
Poussée par une force innommable, aveugle à tout autre chemin que celui dicté par cette exigence
et sourde à ce qui cherchait à m'emmener  ailleurs, je voulais comprendre la destinée de cette matière complexe et magnifiquement organisée qu'est le vivant, et je ne pouvais me résoudre à penser que cette structure riche et efficace n'a pour but que  la simple satisfaction d'une chaîne de besoins élémentaires.

L'arbre n'existe-t-il que pour traverser les saisons ?


La chenille n'est-elle que pour le papillon,

Chenille, Machaon, Insectes, Papillon

 la rose pour l'abeille,


l'insecte pour l'oiseau,

Insectes, Macro, Scarabée, Insecte

le jour pour la nuit,


Étoiles, Ciel, Crépuscule, Nuit, Soirée

la naissance

Naissance, Mâle, Nouveau Né, Bleu

pour la mort ?

Automne, Couleurs D'Automne


Et comment peut-on avoir la vie sans jamais en posséder la moindre parcelle ?

Au-delà du temps qu'elle écoule, me disais-je, la vie nous destine sans doute à l'accomplissement, à une réalisation marquée par la difficulté, la contrainte, l'obstacle à vaincre, souvent dans la souffrance, et qui vaut d'être hanté par un toujours plus qui, en quelque sorte, voue cette quête à l'impossible. 

Avant tout, je voulais être fidèle à cet idéal qui me harcelait et ne cessait de murmurer à mon oreille que la cible était devant, sans cesse devant, et qu'il me fallait continuer d'avancer sur ce chemin qui ne faisait  que creuser en moi un vide, et accentuer au-dehors le manque que je ressentais.

J'avais soif d'absolu ; tout de la vie n'était que relatif.
J'étais en quête d'éternité ; je me heurtais au périssable. Je désirais la lumière  et pourtant je ne cessais de me débattre, attachée à la noirceur qui m'était si familière . Je cherchais la demeure du sens et ce que peut vouloir dire habiter la Terre.

Écologie, Protection, Protéger, Arbre

Plus que tout, sans doute, je m'efforçais de trouver ma propre maison, cet abri  que l'on est seul à pouvoir construire pour soi-même.

Cependant, pensais-je, il se pouvait fort bien que le vivant et l'expérience que nous faisons de la vie à travers les jours, les événements, les liens que nous créons, n'aient aucune direction ; que toute cette matière n'ait pour dessein que sa création et aucune autre visée que son existence même dans la vastitude du cosmos impénétrable. Il se pouvait que le sens ne soit jamais que la route,

Route, Vallée De, Montagnes, Voyage

que le cycle des saisons,

Feuilles, Automne, Coloré, Jaune, Orange

soit  véritablement le sens de la vie.
Et ce plaisir du chemin pour lui-même,

Des Forêts, Japon, Sombre, Mystique

c'est à travers cette matière qu'est le langage que j'en ai fait pour la première fois l'expérience".

Hélène Dorion
Commencements

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lundi 22 février 2016

*"Ce qui Va et Vient"..........



Ce qui  Va et Vient

D'où (lentement) vient ce qui vient ?
D'où émerge ce qui s'élève ?
D'où sort vivement ce qui veut, ce qui veut être et veut être visible ?
J'assiste je ne sais pas 
qui voit qui est vu qui gronde qui se tait
qui demeure qui se disperse
brille par ici s'éteint là-bas
Ce qui veut être
est-ce moi qui ne suis plus ?
Ce qui est tenu n'est pas entendu 
Ce qui devait venir n'est pas venu
Ce peu de chose n'est rien.
Mais l'ombre et la lumière (que je connais bien)
tournent autour l'un de l'autre
formant au regard maints objets pleins
par exemple le silence d'une plante 
par exemple le poids d'une pierre
ou un simple mouvement 
qui va qui s'éloigne qui revient
pendant que je me tiens debout
Quelquefois je marche et ne dis rien.

Jean Tardieu

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mardi 16 février 2016

*Il s'agissait d'un cerisier......


Rouge Cerise, Fruits Mûrs, Branche Cerisier

Cerises, Cerisier, Fruits Rouges, Jardin

"Cette fois,  il s'agissait d'un cerisier ; non pas d'un cerisier en fleurs, qui nous parle un langage limpide ; mais d'un cerisier chargé de fruits, aperçu un soir de juin, de l'autre côté d'un grand champ de blé. C'était une fois de plus comme si quelqu'un était apparu là-bas et vous parlait, mais sans vous parler, sans vous faire aucun signe ; quelqu'un ou plutôt quelque chose, et une "chose belle" certes ; mais, alors que, s'il s'était agi d'une figure humaine, d'une promeneuse, à ma joie se fussent mêlés du trouble et le besoin, bientôt, de courir vers elle, de la rejoindre, d'abord incapable de parler, et pas seulement pour avoir trop couru, puis de l'écouter, de répondre, de la prendre au filet de mes paroles  ou de me prendre à celui des siennes - et eût commencé avec un peu de chance, une tout autre histoire, dans un mélange, plus ou moins stable, de lumière et d'ombre, alors qu'une nouvelle histoire d'amour eût commencé là comme  un nouveau ruisseau né d'une source neuve, au printemps pour ce cerisier, je n'éprouvais nul désir de le rejoindre, de le conquérir, de le posséder  ; ou plutôt : c'était fait, j'avais été rejoint, conquis, je n'avais absolument rien à attendre, à  demander de plus ; il s'agissait d'une autre espèce d'histoire, de rencontre, de parole. Plus difficile encore à saisir".


Cahier de Verdure
Philippe Jaccottet
Gallimard, 1990


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dimanche 14 février 2016

Beethoven - 6th Symphony 'Pastoral' (Complete) ♫♥

*Le vent doux poussait les nuages..................



"Après ma sieste, on écoutera un peu de musique, si tu veux. Je m'occupe de la vaisselle" dit-il d'un ton bienveillant.
Je m'assoupis sur mon livre, quand je me réveillai la lumière avait baissé et une légère bruine voilait le jardin.
Des bribes de musique me parvenaient du salon. Je reconnus alors les premiers accords de la "Pastorale" de Beethoven. Cela faisait un bon moment que je n'avais pas entendu cette symphonie.
Je courus vers le hall et me précipitai vers le salon. On en était encore au tout début et mon père, béat, écoutait dans son fauteuil. Il tapota le canapé à côté de lui où je m'assis, attendant avec délice mon passage préféré, le deuxième mouvement.
Ray C. m'avait expliqué les scènes campagnardes de chaque morceau. Dans le premier, on éprouvait des sensations agréables en arrivant à la campagne. Le deuxième mouvement était censé illustrer le ruissellement d'une petite rivière. Mais pour moi, c'était aussi le vent doux qui poussait les nuages au-dessus des champs et des collines ; de la musique pour s'envoler.
La première partie finie, le lent balancement des cordes débuta. Je m'imaginais décoller de la terre, transportée par les notes de la flûte qui montaient vers les oiseaux. Je ressentais un bonheur indescriptible à entendre cette musique qui m'avait accompagnée pendant mes merveilleux vols nocturnes.
Mais soudain je me rendis compte que ces rêves avaient disparu. Je ne pouvais même pas me souvenir de la dernière fois durant laquelle j'avais survolé Rosenthal et le Pinnacle.
J'ouvris les yeux, attristée par cette révélation. Mon père avait l'air si serein, bercé par ces mélodies paisibles. Alors je refermai les yeux pour mieux profiter de ces derniers moments de paradis musical.
L'orchestre commençait le troisième mouvement, évoquant les joyeux paysans qui dansent, quand nous entendîmes arriver la voiture. Mon père regarda sa montre et remarqua qu'il était déjà 18 h. Il prit un parapluie pour abriter sa femme quand elle sortirait de la voiture.
Mon instinct me fit déguerpir du salon. Tandis que la fête champêtre battait son plein, je filai vite dans ma chambre et fermai la porte. Il pleuvait fort maintenant et des coups de tonnerres résonnaient dans le lointain. Je percevais les voix de mes parents qui arrivaient sous le porche. Surtout celle de ma mère qui avait pris un ton aigu et perçant.
La porte claqua derrière eux et je compris qu'une scène violente venait d'éclater. Un sentiment de grande détresse m'accabla. Pourquoi ils faisaient ça tout le temps ? Je me couvris la tête avec l'oreiller, mais les cris et les invectives me parvenaient encore. Le quatrième mouvement les accompagnait dans le salon, l'orage de Beethoven explosait et tonnait tandis que la pluie tambourinait sur notre toit en tôle ondulée"

Juliet Schlunke
Rosenthal, une enfance australienne

Collection main de femme
Editions Parole

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dimanche 7 février 2016

*Rosenthal..............



A côté du bassin commençait le domaine des rosiers, de grands buissons qui donnaient le nom de "Rosenthal" à la propriété.






Je prenais un grand plaisir à frotter mon nez sur le visage des fleurs et à respirer leurs senteurs de poivre, d'épices, de miel ou de citron.
C'était fascinant de suivre l'évolution des boutons qui s'ouvraient peu à peu. Déployant des pétales soyeux.
ils s'étiraient et s'ouvraient langoureusement.
Je les trouvais d'une perfection miraculeuse. (...)
(...)
Ma mère aimait beaucoup les fuchsias. Elle en avait planté de grands buissons dans deux énormes bidons d'essence recyclés en pots.

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Ils étaient placés de chaque côté de la porte d'entrée sur la véranda.
J'avais une préférence pour ces fleurs et leurs boutons que je pressais entre le pouce et l'index ;
ils éclataient en émettant un petit "pop" joyeux. J'aimais aussi les roses pompon qui couvraient la partie droite de la véranda et qui fleurissaient en abondance au mois d'octobre.

Rose pompon


J'en arrachais les pétales par poignées pour les lancer et les voir retomber comme une averse de petits flocons crème'.
Le toit de notre terrasse s'appuyait sur des poteaux en bois embrassés par des plantes grimpantes qui finissaient par se rejoindre. Une vieille vigne étreignait toute la partie gauche de la maison, nous offrant des grappes de raisins blancs sucrés et pulpeux.

Raisin, Jaune-Vert, Fruits

Sur le côté droit, une bignone se mêlait au rosier pompon entrelacé d'une glycine. Cela faisait l'effet d'entrer dans une immense tente verte et fraîche, très agréable en été.... (...)  

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(photos empruntées sur la toile)

(...)
Nous étions fiers de notre jardin et on y prenait beaucoup de photographies, surtout quand nous recevions des visiteurs. Le plus souvent nous nous installions sur les marches du perron qui étaient assez larges pour y placer tous les cousins, oncles, tantes ou amis de passage.
Je n'aimais pas ces séances de pose, car il fallait rester sans bouger avec le soleil en face ; les gamins grimaçaient et plissaient les yeux.
Ma mère par contre étaient toujours radieusement belle. Mon père aussi était très photogénique, mince et élégant, sa pipe à la main.
Il portait des lunettes à monture d'écaille, ses cheveux bruns étaient relevés de son grand front et lissés en arrière.
Son nez était long et droit et sa moustache bien taillée.
Quand j'étais petite, j'aimais beaucoup les câlins de ma mère parce qu'elle sentait bon le parfum.
Elle était si belle avec sa peau lisse et mate, ses yeux verts, ses cheveux courts et ondulés, d'un brun presque noir. Elle avait une silhouette voluptueuse, des seins plantureux et un corps solide sur de longues et belles jambes bien galbées, aux chevilles fines.
Je la trouvais ravissante habillée "en ville", avec ses collants soyeux, ses chaussures à talons hauts, son collier de perles et ses boucles d'oreilles assorties, et ses lèvres peintes d'un rouge ardent.

sourire: portrait de belle jeune femme dans le chapeau sur blanc Banque d

Son sourire révélait des dents parfaites. Pendant qu'elle faisait sa toilette, je l'observais avec admiration. Je fouillais dans son armoire, dans ses boîtes de foulards de soie qui sentaient son parfum.

Gros Plan, Macro, Paillettes, Textiles

Ses petits coffrets de bijoux me fascinaient. Je ne me lassais pas de les sortir tous pour les étaler sur la moquette.
Après, je les remettais soigneusement en place.

Boîte À Bijoux, Bijoux, Isolats, Blanc, Arrière Plan

Le meilleur moment, c'était les soirs de bain en hiver. Quand j'avais fini de me savonner et de me rincer dans la baignoire, je criais très fort : "serviette chaude". Mon père apparaissait avec ma grande serviette qu'il avait laissé chauffer sur le garde-feu. Il me sortait de l'eau et m'enveloppait dans ce grand voile doux et chaud, me frictionnait vigoureusement

linge 07


et m'emportait dans ses bras jusque devant l'âtre pour m'aider à enfiler mon pyjama. Ensuite, il me prenait sur ses genoux. J'appuyais ma tête contre son épaule et, à l'abri de ses bras, j'écoutais mon conte du soir........... (...)

Livre, L'Éducation, Livres, Référence

Juliet Schlunke
Rosenthal une enfance australienne
collection main de femme
éditions Parole


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vendredi 5 février 2016

*Le calme, la quiétude.......


"Le calme, la quiétude sont des choses qui dépendent plus des dispositions intérieures de l'esprit
que des circonstances extérieures et l'on peut les goûter même au milieu d'une apparente agitation".

Alexandra David-Neel

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